Nous y sommes... nous sommes en train de vivre les pires jours de nos vies, blessé physiquement et rempli d'une tristesse si profonde que nous avons du mal à cacher nos larmes à Côme. Il ne comprend pas lui-même pourquoi il se sent si triste. On essaye de lui expliquer tant bien que mal... 

Si nous n'étions pas tombé, on serait resté encore une semaine aux Philippines, à explorer l'île et ses cascades, à nager avec les requins baleines, à marcher au sommet des collines chocolat... Et puis on serait allé à Sydney pour un Noël au soleil sur la plage (le rêve de Julia : "On doit aller à la plage le jour de Noël et prendre une photo hein ?!"). On serait ensuite parti pour un road trip de deux semaines en Nouvelle Zélande et puis quelques jours à Tahiti avant d'atteindre les Amériques... Ca aurait été bien de lire tout ça hein ?! Voir les photos et tout... 

"Peut-être qu'on devrait rentrer chez nous, prendre le temps de guérir, passer Noël avec nos familles et puis reprendre le voyage..." dit Julia alors que Côme vient enfin de s'endormir. "Si on fait ça, tu sais qu'on ne repartira pas... Le tour du monde serait finit..." - "Mais est-ce qu'on peut continuer dans cet état ?" - "Non... non on peut pas... Vous avez tout les deux besoin de soins et de beaucoup de repos. On ne peut pas être sur la route et on ne peut vraiment pas rester à l'hôtel en Australie ni en Nouvelle-Zélande...". Nous savons tout deux que ça serait beaucoup trop cher de changer nos plans en Océanie, les billets d'avion et les hôtels sont hors de prix. "Donc qu'est-ce qu'on fait ?" - "Essayons de dormir... On en reparlera demain..."

"Côme, est-ce que tu veux arrêter le tour du monde ?" - "Non !!! Je veux continuer !!"

Tout d'abord, on doit trouver un docteur pour s'occuper des bandages, on ne peut pas s'en occuper tout seul. Heureusement, il y a une clinique à deux pas de l'appartement. Doo y va et demande au docteur de le suivre. Les blessures sont effrayantes mais le docteur dit que ça va. Julia doit passer une radio pour sa jambe par contre donc un infirmier l'accompagne en ville pendant que Doo reste avec Côme qui ne peut pas vraiment bouger... Rien de cassé.

Le soir, les blessures de Côme prennent une tournure inquiétante et Julia souffre terriblement. Il faut que nous partions d'ici pour être soigné correctement. Nous avons d'énormes doutes quant à la qualité du traitement que l'on reçoit et nous avons peur pour la santé de Côme et Julia. Qu'est-ce qu'on peut faire ? Retourner en France nous ferait prendre un vol de plus de 40h (sans compter le temps de retourner à Manille). Ni Côme, ni Julia ne peuvent endurer un tel voyage. On ne peut certainement pas rester une semaine entière ici avant d'aller en Australie. On sent bien l'urgence pour nos blessures. On ne voit alors qu'une seule solution : nous devons retourner en Corée du Sud. Le vol ne dure que 4h (en partant de Manille), nous pourrons nous reposer chez António et nous sommes confiant de pouvoir trouver une bonne assistance médicale là-bas.

António part pour le Portugal dans 3 jours mais il nous dit qu'on peut rester chez lui autant de temps qu'il le faudra, même s'il n'est pas là. On trouve alors un vol au départ de Manille pour le surlendemain mais il y a un autre problème à présent. Comment aller à Manille ? Comment partir de cette île ? Le docteur nous dit que notre meilleure option c'est de prendre un bus en direction du sud de l'île puis un ferry qui nous amènera dans l'île d'à côté où il y a un aéroport tout proche. C'est la route la plus proche et la plus rapide. On décide de faire ça et on achète les billets pour Manille pour un vol très tôt le matin, comme ça on ne risque pas de louper notre avion pour Séoul. Tout devrait bien se passer à présent...

Mais tout ne se passe pas bien... Quand Julia essaye d'aller au toilettes, on se rend compte qu'elle ne peut même plus tenir debout toute seule tellement la douleur est forte. Côme est en train de dormir et l'idée que nous soyons bloqués sur cette île est terrifiante... "Chérie, si tu ne peux même pas tenir debout, comment est-ce qu'on va pouvoir faire pour aller à l'aéroport ? Je dois déjà porter Côme et les deux sacs...". Doo a été chanceux lors de l'accident, il n'a eut "que" quelques bleus, des égratignures superficielles et une côte fêlée. "Et l'avion ? Comment est-ce que tu vas pouvoir prendre l'avion ?" - "Il faut juste que j'arrive à l'aéroport, l'avion, je m'en charge !". Julia est déterminée à quiter cette île aussi vite que possible.

Comme il nous est impossible de prendre ni le bus, ni la voiture, il n'y a qu'une seule solution : on a besoin d'une ambulance. Doo retourne à la clinique et demande s'il est possible qu'une ambulance vienne nous chercher le lendemain pour nous amener à l'aéroport à 6h du matin. Le staff médical répond que non mais Doo insiste en expliquant la situation : "On doit partir... on doit prendre un avion et ma femme ne peut pas marcher... Il doit y avoir un moyen... On ne peut pas rester ici, on DOIT partir...". Après quelques minutes au téléphone, l'infirmière dit à Doo qu'une ambulance viendra demain à 6h pour nous amener à l'aéroport... "Merci !!!"

Le lendemain, nous nous reveillons à 5h du matin et commençons notre très long voyage pour Séoul. Aujourd'hui, Julia est capable de se tenir debout (au mental) mais on l'amène dans l'ambulance sur un brancard. Sur le chemin, Côme est malade et nous devons nous arrêter pour qu'il vomisse. La traversée en ferry est plutôt courte. "Tu penses qu'on va pouvoir voir des requins baleine ?" - "Je ne pense pas mon coeur...". Et nous arrivons très vite à l'aéroport. A partir de là, on nous donnera toujours des fauteuils roulants et les membres de l'équipage des compagnies aériennes nous aideront toujours : pour les transferts, les douanes, l'embarquement... Avec toute cette aide, le périple est en fait bien plus facile que nous le pensions. En fait, sans la gentillesse et la générosité des gens, on ne sait pas comment on aurait pu faire. On est vraiment extrêmement reconnaissant envers les Philippins et vraiment triste d'avoir dû les quitter dans de telles conditions...

Il est 23h30 quand António nous accueil à l'aéroport. Il nous a apporté des manteaux chauds à tous. On n'a aucunes affaires pour passer l'hiver et il gêle dehors. Nous sommes soulagé et heureux de le voir mais notre périple n'est pas encore fini...

Les pansements de Côme ont besoin d'être changé donc on part directement à l'hôpital. Une fois là-bas, le docteur nous dit qu'il faut payer une avance de 1000€ pour les soins car nous n'avons pas d'assurance Coréenne. "Quoi ?!? Vous êtes sérieux ?! On a juste besoin que les pansements soient changés !" Doo est incrédule. Combien est-ce que les soins vont nous coûter ici ? Est-ce qu'on a fait une erreur de venir en Corée ? En voyant notre détresse, le docteur fini par accepter de nous prendre en charge gratuitement. Mais les bandages de Côme sont collés à ses blessures. La douleur est insuportable et Côme crie à nouveau comme s'il se faisait torturer. Le docteur prend Doo à part et lui dit qu'il faut aller voir un spécialiste. L'état de santé de Côme et Julia est extrêmement préoccupant. Le cauchemar continue... Il est 2h30 du matin quand on arrive enfin à la maison... 

Le jour suivant, António part pour le Portugal dans la soirée mais malgré une journée très chargée, il nous accompagne chez son docteur, un spécialiste de la peau. Hyemi, la prof de coréen d'António que l'on avait rencontré en novembre, est, elle aussi, venue à la clinique pour nous aider avec la traduction. Le docteur s'occupe d'abord de Julia, lui fait quelques injections et change son pansement. Puis c'est le tour de Côme et le docteur remarque de la poussière et des graviers dans la blessure. Il anesthésie sa jambe et prend du temps pour la nettoyer entièrement. Doo est extrêmement inquiet. S'il y a des graviers à l'intérieur de la blessure ouverte de Côme, il est sûr qu'il y en a à l'intérieur de la blessure de Julia. Il prévient donc le docteur et après avoir terminé de soigner Côme, il rappelle Julia à la table d'opération. Il retire les points de suture, et à l'intérieur, il y a une bonne douzaine de graviers de grosses tailles... Le docteur n'en revient pas du traitement que l'on a reçu aux Philippines. Nous sommes juste soulagé d'avoir évité le pire.

Après l'avoir soignée, le docteur nous dit que nous devons venir tous les jours. Il y a un sérieux risque d'infection plus grave encore. En plus de toutes ces mauvaises nouvelles, la facture est sallée et nos cartes de crédit ne marchent pas. Mais qu'est-ce qu'on va faire ???

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